Quelque part dans la ville d’Ebenelle, une jeune fille nommé Valentine poussa son premier cri en un premier Janvier. Elle était blonde, ses yeux laissaient trahir son inconscience et sa liberté. Un chemin de dresseuse Pokémon était tracé devant elle, à sa plus grande joie. « Cette fille a un potentiel incroyable » Voilà la phrase que la plupart des gens qui passaient disait… Mais n’importe quoi ! Quoique je ne comprenais rien, je savais bien qu’ils disaient ça comme ça, juste pour le dire ! Comment déchiffrer l’avenir d’un enfant aussi petit, une petite boule… Bref, mes yeux verts hypnotisaient un bon nombre de personnes. J’ai vite appris à comprendre le rôle que jouaient les Pokémons dans la famille, mais, je ne me doutais pas que ce « don » était si important. Peu à peu, je commençais à m’habituer à ces animaux que je méprisais tant dans ma plus tendre enfance. Jusqu’au point qu’à mes 7 ans, le Kaiminus d’une de mes copines était devenue mon meilleur pote. Je me trimballais partout avec lui, partout jusqu’à ce jour….
Alors que mon grand frère, Jonathan, quinze ans, nageait dans le lac avec des amis à lui que je ne connaissais pas bien, je jouais à la poupée avec ma sœur, Juliet. L’aventure entre nos deux poupées était si passionnante, créative, l’imagination prenais le dessus quand je laissais brusquement tombé ma poupée, paralysée par les cris de mon Jonathan. Je tournais subitement la tête et me levais hurlant de tout mon cœur, ayant peur de m’approcher de l’eau qui aspirait mon frère. En effet, un de ces amis, bête et inconscient, plongeait la tête de mon frère dans l’eau, pour quelle raison ? Et bien pour s’amuser ! Son visage tourna vite au choque se rendant compte que mon frère coulait dans les fins fonds du lac. Je regardais ma sœur laissant mes larmes couler, ignorant jusque là que l’homme était mortel. « Qu’est-ce que tu fais ! Laisse mon frère ! Jonathan, je t’en prie ! Reviens, ne me laisse pas ! Jonathan s’il te plait ! Jonathan ! Mon frère, je t’aime ne me laisse pas !! » Je me jetai par terre pleurant toutes les larmes de mon corps sous les yeux ébahis des amis de John. Je regardais le fautif courir alerter mon père, mais c’était trop tard, on ne voyait plus la tête de mon frère qui avait lentement coulé… Je sentais mon cœur se déchirer, s’arracher, sortir de ma poitrine le plus violemment possible. Malgré mon âge, j’avais bien compris ce qui venait de se passer, je ne reverrais plus jamais mon frère… Cette blessure allait rester à jamais dans mon cœur, parce que j’avais compris quelque chose : Les gens n’arrêtent jamais de dire que les plaies finissent par disparaître, c’est bien faut, elles sont là, toujours présentes, avec le bandage que représente le temps, mais elle existe toujours. C’est depuis ce jour que je suis devenue ablutophobe : les baignades, c’était plus pour moi !



L’évènement de mon frère était toujours ancré dans ma mémoire, malgré le fait que j’ai maintenant quatorze ans, je ne supporte pas la baignade, je n’arrive pas à m’asseoir dans une baignoire pleine d’eau, je n’arrive pas non plus à nager, moi qui aimais tant ça. L’eau est devenue un démon, je détestais maintenant le Pokémon eau de ma copine, et mon starter, Herbizarre, était devenue mon unique protecteur, j’avais l’impression que ce Pokémon poisson pouvait me préserver de la noyade, me sauver, j’avais l’impression que s’il était là, mon frère ne se serait jamais noyer... La famille avait totalement coupé les liens avec les amis de mon frère, pas parce qu’on les tenait coupable (même si c’était le cas), mais parce qu’il n’arrêtait pas de nous remettre en tête l’évènement avec mon frère, ce qui heurtais nos cœurs à chaque fois, en tout cas ce qui heurtais mon cœur. J’avais rencontré Matthew, c’était ce blond, aux yeux bleus… Je m’entendais bien avec lui, très bien même, il avait seize ans. Je prenais ces compliments comme des mots dirigés uniquement à ma personne, ses caresses comme des marques d’attentions qui étaient uniquement pour moi, ses paroles… Je l’adorais, je pensais à lui jour et nuit, jusqu’au jour où…
Je me dirigeais vers sa maison, assez grande je l’avoue, il m’avait invité, comme d’habitude. Mais en ce jour, je n’avais qu’une phrase en tête, une vérité qui pesait trop lourd sur moi. J’ouvrais la porte de sa maison et couru vers sa chambre avant de m’adosser contre le mur en face de lui. « Je t’aime Matthew… » Il écarquilla les yeux et recula doucement. Visiblement, ce n’était pas réciproque, il allait sûrement éclater de… Non, il n’était pas comme ça, il allait se calmer et me faire bien rire, en vain. Il s’approcha de moi laissant ses lèvres frôler les miennes en souriant légèrement constatant mon frisson. Il caressa mes cheveux longtemps avant d’éclater de rire et s’en aller… Je ne m’y attendais pas, tout, sauf ça ! Je rentrais chez moi, sans pleurer, le cœur endurcie. Plus jamais je ne me sentirais prête à penser entamer une relation sérieuse avec un homme, plus jamais. Je me jetai sur mon lit avant d’envoyer un message à Matthew : « Tu m’as bien fait rien toi x)… » Faux, je me sentais plus que mal, mais à quatorze ans, je ne savais pas ce que pouvais entraîner plus tard ce genre de mensonge. Je lançais un sourire vers mes Pokéballs avant de m’endormir paisiblement, ne sentant même pas mon portable vibrer.



Aujourd’hui, je peux vous affirmer que June n’est pas une fille aussi magnifique que ce que les gens prévoyaient. Au contraire, cette fille est on ne peut plus paresseuse et chiante, elle saute partout pour un rien, elle trie ses amis, elle trie la nourriture, elle mange comme elle veut, elle est malpolie et manipulatrice mais elle est surtout attentionnée envers les gens qu’elle aime vraiment, elle ne couche pas partout avec n’importe qui, à propos, elle est encore vierge, une longue histoire… Matthew avait craqué à la tentation deux ans plus tard, elle l’a repoussé et il s’est senti tellement humilié qu’il n’a plus jamais osé lui adresser la parole. Elle est encore à la conquête des quatre autres badges qui lui permettront de devenir championne. Elle sourit tout le temps, c’est un peu comme un masque pour cacher ce qu’elle pense vraiment, c’est pénible, parce que personne n’arrive à savoir ce qu’elle pense… Elle charme tous les garçons qui lui passent sous la main et le laisse en plan quand il est le plus excité. Elle ne croit pas en l’âme sœur, même si, comme tout le monde, elle est consciente qu’elle finira par aimer quelqu’un plus qu’elle-même. La blessure de la mort de son frère la brûle toujours malgré ses vingt-deux ans.