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partie une, seize ans → Excitation. Euphorie. Entremêlement de sentiments exacerbés. Caleb avait seize ans, des rêves plein la tête. Des envies plein le cœur. Le jeune garçon se trouvait devant le professeur Orme, le cœur battant à tout rompre contre sa poitrine tant les sentiments qui l'enserraient peu à peu étaient forts. Il avait toujours attendu ce moment, depuis sa plus tendre enfance.
« Bonjour jeune homme, seize ans n'est ce pas ? » Le jeune homme acquiesça. Le professeur sourit avant de désigner de la main la table ou étaient posés trois poké-balls.
« Comme tu le sais surement, ces trois balls contiennent chacune un pokémon des types eau, feu et plante. Choisis-bien, ton premier pokémon est très important, il te suivra jusqu'au bout. » Caleb s'avança, ses doigts effleurèrent les balls. Trois choix. Trois voies. Un jour, il serait maître Pokémon, le plus respecté de tous les dresseurs. Un soupir, puis sa main se saisit de la ball qui se trouvait à la droite de la table.
« Je prends celui-ci. » déclara-il d'une voix forte, décidée, dans un même geste il fit sortir le Pokémon qui regarda autour de lui en poussa un cri plaintif. Lentement, Caleb se pencha en lui tendant une baie ; le pokémon resta un instant immobile à le fixer, caché derrière les jambes du professeur. Puis d'un pas hésitant il s'approcha avant de saisir la baie qu'il avala d'une traite avec un cri joyeux. Il sembla hésiter un bref instant puis désigna du bout du nez la poche remplie de baies du jeune dresseur. Orme sourit.
« Je vois que tu sais y faire, cela ne m’étonnes pas pour un Grimaldi. » Caleb sourit légèrement. Grimaldi. Un nom. Un héritage. Un poids.
« Ce n'est pas ce que pense mon père hélas. Pour lui je ne suis qu'un bon à rien, une honte pour les Grimaldi. » « Dans ce cas jeune homme, c'est à toi de lui prouver qu'il a tort de douter de toi. Je suis sur que tu en es capable. » Caleb sourit. Oui. Il prouverait à son père qu'il n'était plus l'enfant chétif et faible qu'il était autrefois. Il deviendrait le meilleur dresseur de tous les temps. Un maître Pokémon. Qu'importe le tribut à payer.
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partie deux, vingt-deux ans → Elle était là, pelotonnée dans une couverture de laine rose, ses petits bras potelés levés vers le ciel comme s'il voulaient l’attraper entre ses doigts. Caleb se tenait à l'embrasure de la porte, ses yeux bleus ne quittant pas la petite forme enveloppée de rose, son cœur frappait fort contre sa poitrine.
« Elle ... » Les mots moururent dans sa gorge. Trop d'émotions. Trop fortes. Trop puissantes. Trop.
« Elle est magnifique. » parvint-il à prononcer d'un ton tremblant. La femme qui était allongée dans un lit près du berceau sourit, passant une main dans ses cheveux roux avant de braquer ses yeux noisette dans ceux de son jeune époux.
« Oui. Elle est magnifique. » Elle était jeune, comme lui, vingt-et-un an à peine. Et un enfant. Un don du ciel.
« Elle a tes yeux, tu as remarqué ? » Caleb s'approcha lentement du berceau tendant une main hésitante pour effleurer les mèches couleurs de feu de la petite fille qui poussa un gémissement. Elle avait de grands yeux bleus. Comme les siens. Caleb sourit.
« Tu as raison. Mais elle est aussi jolie que sa maman. » La jeune mère sourit, tendant une main pour prendre celle du jeune dresseur.
« Oh j'allais oublier, je t'ai amené une amie ! » lança Caleb en sortant de sa poche une pokéball qu'il ouvrit. Une jolie femelle Miaouss en sortit en miaulant.
« Oh ! Elle est adorable ! » s'exclama-elle en tendant une main pour laisser la miaouss la sentir !
« Je l'ai attrapée vers Doublonville, comme ça elle te tiendrais compagnie quand je partirais avoir le dernier badge. » « Tu comptes repartir quand ? » Une question murmurée. Une angoisse profondément ancrée.
« On en a déjà parlé. Je partirais dans une semaine, ne t'en fais pas, je reviendrais souvent. A dos de Dracolosse, ça ira vite. » Il marqua une légère pause, lançant un regard vers la petite fille.
« Je pourrais concilier ma carrière et ma famille. Je te le promets. » Il le pensait. Il était jeune, plein d'ambition et de volonté. Oui, il voulait réussir sa vie de père comme celle de dresseur. Une promesse sur le coeur. Une promesse en l'air.
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partie quatre, trente-six ans → Caleb lança un regard vers le calendrier accroché au mur de la cuisine, cela faisait six ans jour pour jour. Six ans depuis le déchirement de son couple. Six ans de solitude teintée de gloire. Six ans.
Je suis désolée Caleb. Je ne supporte plus tes absences, je ne te supporte plus. Tu as brisé ta promesse, tu as privilégié ta carrière à ta famille. Tu avais promis. Les derniers mots de sa femme retentirent en lui comme un écho incessant, lui rappelant encore une fois qu'il avait tout détruit. Le dresseur poussa un soupir, reposant avec plus de force que prévue son bol de café sombre. Sa fille leva les yeux vers lui, mais ne dit rien. Comme d'habitude. Cela faisait un peu d'une heure qu'ils étaient assis l'un en face de l'autre pour déjeuner, et pas un mot n'avait était échangé. Un signe de la main. Un regard. Pas un mot.
« Qu'est ce que tu veux faire aujourd’hui ? » Caleb tenta de briser le silence, il appréciait la compagnie de sa fille, même s'il ne le montrait pas forcément. Calypso lui lança un bref regard avant de se concentrer sur la contemplation de son bol de chocolat.
« Comme tu veux. » Quatorze ans. Quatorze ans à voir son père en diagonale, quelques jours par ci, une semaine par là. En quatorze ans, le petite Calypso avait prit l'habitude ne plus compter sur sa présence, et depuis la nomination de son père en tant que maître de la ligue, cela ne s'était pas vraiment arrangé. Soudain, le téléphone se mit à sonner à l'autre bout de la pièce, brisant le silence habituel. Caleb se leva pour répondre.
« Allô ? » « Caleb ? C'est Liam. Il y a eu un vol de Pokémons à Carmin-sur-Mer, le champion était dans le coup il faut qu'on y aille. » Calypso poussa un soupir, se levant pour faire son sac.
« D'accord. Je dépose ma fille et j'arrive. » Il raccrocha avant de rejoindre sa fille qui préparait ses affaires dans la petite chambre qui lui était réservée dans la maison Ebenelloise de Caleb.
« Calypso je suis désolé, je .. » « T'en fais pas, j'ai tout entendu. Une urgence, t'as pas le choix. » Elle marqua une pause, ramenant dans sa pokéball son Feurisson qui la regardait assis sur son lit.
« Comme d'habitude. On y vas ? Je croyais que c'était urgent. » Sans attendre de réponse, l'adolescente quitta la pièce avec son sac, laissant Caleb seul. Celui-ci quitta à son tour la chambre en soupirant. Encore une fois, il avait tout gaché.
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partie cinq, quarante-trois ans → Silence. Un silence lourd régnait dans la pièce. Écrasant. Harassant. Caleb était installé à la table de la cuisine, les yeux dans le vague, il regardait sans vraiment la voir la fenêtre derrière laquelle la mer déchaînée grondait. Les vagues s'entrechoquaient en un bruit étouffé. La pluie tombait et le vent soufflait en une tempête ardente. Mais ça, Caleb ne le voyait pas. Il ne regardait pas. Ne sentait rien d'autre que le contact frais du verre entre ses doigts, et la saveur ambrée du whisky dans son palais, même l'odeur de la cigarette qu'il avait à la main lui semblait lointaine, étrangère. L'enterrement avait eu lieu le matin même, dans la plus stricte intimité de quelques membres de la famille et d'une poignée d'amis, des obsèques dans le silence entremêlé de larmes et de gouttes de pluies. Caleb poussa un soupir rauque, avalant une nouvelle rasade de whisky en silence. Soudain, le bruits de pas frénétiques dans l'escalier retentirent et Calypso descendit, tenant d'une main son sac à dos, de l'autre une valise.
« Où vas-tu avec ça ? » Sa voix était rauque, enrouée par l'alcool et la fumée. Enrouée par la vie. Calypso ne répondit pas tout de suite, prenant le temps de poser ses affaires au pied de l'escalier avant de caresser d'une main distraite la tête de Lara, la femelle Persian de sa mère.
« Pourquoi tu veux savoir ça ? » Quatre mots prononcés d'un ton glacial, presque agressif. Quatre mots aussi aiguisés que les lames d'un Insécateur. Caleb poussa un nouveau soupir, tirant une dernière bouffée de sa cigarette avant de l'écraser sur un cendrier déjà rempli.
« Tu ne vas quand même pas traverser Johto à pied avec ta valise ? Dépose tes affaires chez moi, tu les auras si l'envie te prends de faire une pause dans ta quête. » « Non ça ira, j'ai quelques économies de côté je me prendrais un appartement à Ville Griotte ou Acajou, je verrais bien. En attendant je vais chez ma vielle amie Wendy à Rosalia. » « Laisse-moi au moins te déposer avec Ouranos ... » « Non. J'ai qu'une envie c'est quitter cette maison et ne plus avoir affaire avec toi. » Encore des lames. Plus tranchantes. Plus douloureuses. Pourtant aucune émotion ne passa sur le visage marqué du maître des dragons, pas un tremblement, rien. Avec le temps, Caleb avait appris à ne plus rien montrer de ses sentiments, ne plus se dévoiler. Calypso passa son sac dans son dos avant d'attacher ses longs cheveu roux. Elle lança un bref regard vers le verre vide posé sur la table en face de son père avant de quitter la pièce en claquant la porte derrière elle. Caleb resta un instant immobile, les yeux braqués vers la porte d'un air hagard jusqu'à ce que le persian ne vienne se frotter contre ses jambes. Le dracologue sursauta avant de se servir un nouveau verre qu'il but d'une traite, savourant le liquide descendre dans sa gorge, engourdissant peu à peu ses sens et ses émotions. D'un geste rendu tremblant par la boisson, il se servit un nouveau verre. Il voulait juste oublier. Ne rien se rappeler. Ne rien ressentir. Juste oublier.
« Je suis désolé ... » murmura-il pour lui même, pour le silence de la pièce morte. Pour elle. Une nouvelle gorgée. Juste oublier.
pseudo ∞ ophélie, alias JEKYLL&HYDE. sur le web.
âge ∞ vingt ans.
région/pays ∞ la région parisienne.
comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ? ∞ J'ai vu de la lumière, et je suis rentrée, dingue non ?
votre avis sur le forum ? ∞ avatar ∞ le sublime Ewan McGregor **
personnage ∞ inventé
un dernier mot ? ∞ C'est une bonne situation ça, scribe ?